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Saison 2024/25 :: L'actualité à Franconville...

L'actualité à Franconville...

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*Robert James « Bobby » Fischer - Eric Birmingham (23/02/2008)

« Tout ce que je veux faire, pour toujours, c'est jouer aux échecs. » Bobby Fischer

Il aura connu la gloire et la déchéance, la fortune et la misère, les plus beaux hôtels et la prison. Les grands de ce monde : politiciens, écrivains, artistes... ont joué des coudes et des épaules pour lui serrer la main. Beaucoup aussi voulait lui cracher à la figure. Mais cet homme a réalisé son rêve. Peu réussissent. Même si son rêve était limité à 64 cases de bois, dans un monde froid, empli de silence où la violence des combats est invisible, impalpable, mais, qui parfois laisse de terribles blessures. La couronne mondiale dans sa besace, le héros disparait. Il revient vingt ans années plus tard pour terrasser à nouveau un vieil adversaire et empocher une bourse de trois ou quatre millions de Dollars. Il se fâche avec son pays qui veut l'empêcher de jouer pour des motifs politiques. Mais personne n'arrête un héros avec un morceau de papier. Il crache sur le papier, il le fait vraiment, et devant deux cent journalistes. L'aigle américain est alors en colère. Il veut capturer cet individu qui l'insulte et, puisqu'il a joué et gagné le match, refuse de payer les 45% de taxes qui lui reviennent sur le joli pactole. L'aigle se moque que ce même homme fut perçu autrefois comme un héros de la guerre froide. Reçu en grandes pompes, on lui avait donné la clef de la ville de New-York, les ventes de jeux et de livres d'échecs avaient explosé aux USA, les T.V. et radios se l'arrachait, il avait fait la une des magazines... L'administration américaine le recherche. Au lieu de se faire oublier, le héros étoilé déchu, outrage une nouvelle fois son pays. Dans une interview radiophonique, il se réjouit des attaques du 11 septembre 2001, dit que son gouvernement est le pire et le plus criminel de la planète, il enfonce le clou en tenant des propos antisémites d'une extrême violence. En transit au Japon, il est arrêté et mis en prison. Il va être extradé vers les USA où il risque une longue peine. Il est sauvé par le parlement Islandais qui lui accorde la citoyenneté et l'asile. La terre de glace est reconnaissante, c'est ici que Fischer a attiré et fasciné les médias du monde entier en 1972. Le 17 janvier 2008, il est mort dans ce petit pays qui fut son plus beau champ de bataille.

Le petit échiquier en plastique
R. J. Fischer est né le 9 mars 1943 à Chicago, dans l'Illinois. Son père, Gerard Fischer, né à Berlin en 1909, quitte sa femme Regina ainsi que sa fille Johan et Bobby alors âgé de deux ans, il ne les reverra jamais. Installé à Mobile, une petite ville dans le désert de l'Arizona, les trois survivent grâce au seul salaire de Regina qui, en ces temps de guerre, enchaine les boulots, elle sera institutrice, infirmière, sténographe... Johan qui n'a qu'un an de plus que Bobby est très proche de son petit frère, elle passe des heures à jouer avec lui. Elle achète un jour un jeu d'échecs en plastique au drugstore. Les deux enfants, sept et six ans, déchiffrent les règles et engagent leurs premières parties. Quelques mois plus tard, Bobby tombe par hasard sur un bouquin d'échecs. Il est tellement absorbé qu'il ne répond plus lorsque qu'on lui adresse la parole. Sa mère commence à s'inquiéter, elle veut que son fils rencontre d'autres enfants, mais son garçon de sept ans n'est d'accord que si ceux-ci jouent aux échecs.
New-York
A la recherche d'un meilleur emploi, Regina s'installe à Brooklyn, un district de New-York. Pour Bobby c'est le déclic, tout va alors aller très vite. Sa mère l'inscrit au club d'échecs de Brooklyn, le petit garçon rencontre Herman Helms et Carmine Negro qui vont encourager et aider Bobby à développer son talent. Quand à elle, Regina est de plus en plus désespérée face à l'obsession de son garçon. Elle contacte un psychiatre qui la rassure en lui disant qu'il peut imaginer des choses bien plus grave que le jeu d'échecs pour son fils ! Alors elle abandonne et n'embêtera plus Bobby.
Premiers succès
A partir de 1955, l'enfant participe à tous les tournois possibles aux USA et même au Canada. Suite à de brillants résultats, Bobby, âgé de quatorze ans, est invité au championnat des USA de 1957 qui accueille les quatorze meilleurs joueurs du pays. « Il va finir dernier, mais il va beaucoup apprendre, et puis il faut le former pour rivaliser bientôt avec les juniors russes. » Bobby va gagner le championnat sans perdre une seule partie ! C'est absolument incroyable, en moins de trois ans, le gamin est devenu un immense espoir. Ses plus belles parties sont désormais analysées jusqu'en Union Soviétique. Champion des USA, il est qualifié pour l'Interzonal qui se dispute à Portoroz en Yougoslavie.
Pour celui qui veut poursuivre la course vers le titre mondial, il faut terminer dans les six premiers. C'est impossible, il ne faut même pas en rêver. L'élite mondiale sera là, un gamin aussi talentueux qu'il est permis de l'imaginer, ne saurait défier la logique. Mais une nouvelle fois, le « Kid de Brooklyn » va stupéfier non seulement les Américains, mais le monde entier. En partageant la 5ème et 6ème place, il se qualifie pour le tournoi des candidats au titre mondial. Cette année 1958, Bobby jouera énormément, il remporte son deuxième championnat des USA et termine deux fois 3ème et 4ème dans trois grands tournois internationaux.
Tal, rival et ami
En 1959, il dispute le tournoi des candidats et se classe à la 4ème place, derrière trois Grands Maîtres soviétiques. Il s'incline 4 à 0 face au « magicien de Riga » Mikhaïl Tal, qui, en battant Botvinnik, deviendra champion du monde un an plus tard. A un cheveu de la victoire, dans la 4ème partie qui l'oppose à Tal, Bobby se trompe et perd. Il aura beaucoup de mal à retenir ses larmes. Néanmoins, une grande amitié va naître entre ces deux joueurs exceptionnels. Tal, plus âgé de sept ans, va, par son humour et sa gentillesse, séduire l'adolescent un peu rustre qui manque singulièrement d'éducation. Se tenant au côté de Bobby, l'espiègle soviétique signait des autographes « Bobby Fischer ». Questionné par le jeune américain, Tal a répondu –« Je t'ai battu tellement de fois que je peux signer avec ton nom ! » Plus jamais Bobby ne perdra une partie contre cet immense champion.
Il rentre un peu déçu mais se console en gagnant pour la 3ème fois consécutive le Championnat des USA.
Boris Spassky, première rencontre
En 1960, il part pour une tournée en Argentine, il va donner des simultanées et jouer deux très forts tournois. Pour la première et dernière fois de sa carrière, il rate complètement celui de Buenos Aires, occupant la 14ème place. On a raconté qu'il était tombé amoureux, mais personne ne connaît vraiment les raisons de cet échec. Le deuxième tournoi se joue à Mar del Plata. Il croise le fer avec la nouvelle coqueluche des Russes, Boris Spassky qui a été champion du monde des moins de vingt ans. Il s'incline dans leur confrontation mais parvient à partager la première place avec le Russe. Il termine la saison en remportant un petit tournoi en Islande.
Début 1961, finissant à deux points devant le deuxième, il se promène au championnat des USA. Cette même année, Bobby a un important rendez-vous : Bled en Yougoslavie, un tournoi magnifique avec l'élite mondiale et quatre des plus forts soviétiques. Tal gagne le tournoi, Fischer est deuxième, il n'a perdu aucune partie et il a battu Tal. Il a dix huit ans, cette fois il est presque prêt. Il a un an pour préparer Stockholm où va se disputer l'Interzonal.
Une existence d'ascète
Depuis l'âge de quinze ans, Bobby a quitté l'école et sa mère. Il loue une petite chambre dans un hôtel modeste à Brooklyn. D'un côté de la pièce, s'empilent des bandes dessinées, de l'autre, des livres et revues d'échecs en Anglais, en Espagnol et en Russe. Bobby ne fichait rien à l'école. On lui a fait passer un test de QI, c'était à la mode à l'époque. Il a dépassé 180, c'est énorme. Il était bon en Espagnol car il voulait lire des livres et revues d'échecs dans cette langue. Ce qu'il préférait à l'école ? -« La cloche qui annonçait la fin des cours ! » Cependant, pour expliquer son extraordinaire ascension, il faut imaginer les sacrifices engagé par ce jeune garçon habité par un seul but : devenir champion du monde. Battre les Russes à leur propre jeu était son obsession.
Lorsqu'il était à New-York, il pouvait étudier les échecs de son réveil au coucher. Il lui arrivait de se promener la nuit dans la ville, des idées lui venaient en marchant. Son répertoire d'ouvertures était restreint, mais il avait travaillé ses systèmes comme personnes avant lui.
La naissance de la légende
En ce temps là, dans les tournois, la stratégie des Grands Maîtres les plus forts était de s'acharner sur les moins forts et de signer des « nulles de Grands Maîtres », c'est-à-dire un partage de point en quelques coups entre champions. En outre, avec les pièces noires, peu essayaient vraiment de s'imposer, c'était trop difficile. A partir de 1962, cette approche devient obsolète. Le jeune américain est daltonien, il ne fait pas la différence entre les Blancs et les Noirs, dans les deux cas, il ne joue que pour la victoire. En plus, le « Yankee » ne respecte pas ses collègues et ne comprend rien à la hiérarchie. Petit joueur, Maître, Grand Maître ou champion du monde, peu importe qui il affronte, il joue à fond et n'accepte la nulle qu'après avoir tout tenté. L'Interzonal de Stockholm est le point de départ de cette révolution. Fischer gagne avec 2,5 points d'avance sur Petrosian (champion du monde 1963-1969) et Geller qui sont deuxième ex aequo.
En 1964, il remporte une nouvelle fois le championnat des USA avec 11 sur 11 points ! Le deuxième, le Grand Maître Larry Evans totalise 7,5 points.
La marche vers le haut, tout seul
En 1966, se dispute le tournoi de l'année à Santa Monica en Californie. Spassky, considéré comme le meilleur joueur du monde est là, ainsi que Petrosian, le champion en titre et huit des meilleurs joueurs de la planète. Après un début catastrophique, Fischer est dernier avec 3 sur 9 points. Il a encore perdu contre Spassky. Dans la deuxième partie du tournoi, il rejoue les mêmes adversaires en alternant les couleurs. Il marque 7,5 points sur 9 et arrache la deuxième place derrière Spassky. C'est la dernière fois de sa vie qu'il occupera une autre place que la première dans une compétition. A partir de 1967, jusqu'au titre en 1972, il va gagner tous les tournois et les matches avec des marges incroyables.
En 1968, à Netanya en Israël il gagne avec 3,5 points d'avance ; 1968, Vinkovci en Yougoslavie 1er avec 2 points d'avance ; 1968, Rovinij-Zagreb en Yougoslavie 1er avec 2 points d'avance ; 1970, Buenos Aires 1er avec 3,5 points d'avance : 1970 Interzonal Palma de Mallorca, Espagne 1er avec 3,5 points d'avance.
Lors de sa marche vers le titre mondial en 1971, il bat le soviétique Mark Taimanov à Vancouver 6 à 0 ! Du jamais vu entre deux Grands Maîtres de ce calibre.
Il réédite l'exploit, 1971, contre Bent Larsen, en demi-finale des candidats, 6 à 0 pour Fischer. Inouï, Larsen est un redoutable champion qui a gagné un nombre impressionnants de très forts tournois et qui a battu Spassky et Stein l'année d'avant. Il a d'ailleurs été le seul à battre Fischer à Palma de Mallorca en 1970.
Petrosian
Entre ses victoires dans les dernières rondes de l'Interzonal et les deux matches gagnés 6-0, Fischer vient de signer 19 victoires sans perdre et sans concéder une seule nulle au plus haut niveau mondial. Du jamais vu et je doute que l'on puisse revoir ça un jour ! (Kasparov a réussi 7 victoires d'affilée).
Il reste un obstacle pour pouvoir s'asseoir en face de Spassky qui est champion du monde depuis 1969, mais il est de taille : Tigran Petrosian. C'est le joueur qui neutralise le plan de son adversaire avant même que celui-ci ne l'ait imaginé !
La première partie est gagnée par l'Américain, c'est sa 20ème d'affilée! Lorsque Petrosian remporte la deuxième, les Soviétiques interrompent les programmes de télévision pour annoncer l'information. Finalement l'Américain est un être humain, il peut perdre. La suite du match est un bras de fer. Nulle, nulle, encore nulle, deux autres, et Fischer gagne quatre parties de suite ! Il va affronter Spassky qu'il n'a jamais battu et contre qui il a perdu trois fois.
Le match du siècle
Il arrive avec beaucoup de retard, ses avocats se plaignent en son nom de tout, il demande plus d'argent, il ne répond pas à la presse. Il ignore ses fans... L'Américain n'est vraiment pas sympathique. Pendant ce temps, Spassky met tout le monde dans sa poche. Il est plutôt bel homme, cultivé, il a de l'humour, c'est un plaisir de discuter avec lui. A l'ambassade des USA à Reykjavik, en Islande, où va se dérouler le match, l'ambassadeur ne supporte pas Fischer et il adore Spassky. Mais il ne va pas tout de même pas souhaiter une victoire du Soviétique !
La première partie va certainement se conclure par la nulle. Soudain Fischer prend un pion. Son Fou est en danger, la défense est très difficile. Il perd. Il retourne sa colère contre la Chester Fox qui a placé des caméras partout pour vendre les images du match. Fischer ne veut plus être filmé. -« Mais monsieur Fischer, vous avez signé un contrat ». –« Je m'en moque, vous enlevez les caméras où j'arrête le match. » Il n'est pas pris au sérieux. Il ne se présente pas à la deuxième partie et perd par forfait. La Chester Fox cède mais promet un procès à Fischer après le match. L'Américain accepte de reprendre le match mais demande une faveur. Il veut jouer loin du public dans une pièce close, juste pour cette partie. Spassky accepte, il dira plus tard que c'était une énorme bêtise de sa part. Mais il n'a jamais perdu de sa vie contre Fischer, il ne sent pas le danger. Il a peut être aussi un peu pitié de l'Américain qui semble être à deux doigts de la crise de nerfs. Cette troisième partie est gagnée par Fischer. Le match est relancé. Spassky est tout prêt de s'imposer dans la 4ème, Fischer sauve le demi point par miracle. L'Américain remporte la 5ème. Réalise un chef d'oeuvres dans la 6ème, Spassky va se joindre au public et lui aussi applaudi Fischer ! Nulle dans la 7ème, Fischer gagne la 8ème. La 9ème est nulle, la 10ème la plus belle du match est gagnée par l'Américain. Spassky réagit en remportant la 11ème. La 12ème est nulle. La 13ème est tragique pour Spassky qui se trompe et perd alors qu'il aurait dû annuler. Après sept nulles Fischer va remporter la 21ème partie. Il gagne le match 12,5 à 8,5 points.
Le rêve du petit garçon qui jouait avec des cailloux dans le désert de l'Arizona a pris forme. A 29 ans, Bobby Fischer est champion du monde d'échecs. Tout seul, sans aide ou presque, il a battu les Russes qui dominent la discipline depuis la seconde guerre mondiale.

L'homme des paradoxes
Bobby Fischer cherchait les solutions les plus simples et les plus directes sur l'échiquier, la plupart du temps, c'étaient aussi les plus belles.
Dans la vie, c'était tout le contraire, rien n'était simple, il était très difficile de s'entendre avec lui ou simplement de le comprendre.
Il avait le QI d'un génie, mais il se comportait souvent comme un adolescent attardé.
Il détestait l'école, mais il a appris l'espagnol et le russe tout seul.
Il a peur avant de jouer, mais il clame qu'il est le plus fort et qu'il va le prouver.
Il était juif, comme sa mère et son père, mais il deviendra un juif antisémite.
Il s'employait à amasser le plus d'argent possible. Il choquait ses collègues avec ses demandes extravagantes et ses exigences financières. Puis, il perdait tout dans des procès ou donnait son argent à une secte religieuse.
Il disait à la presse qu'il détestait les Russes, qu'ils étaient des communistes et des tricheurs. C'étaient ses meilleurs amis. Ce n'est qu'avec eux que Fischer était à l'aise et détendu. Dans un tournoi, il profite de la journée de repos pour rendre visite à un collègue soviétique (M. Tal) qui est hospitalisé. Il reste toute l'après-midi avec lui.
Il abandonne la compétition, mais il passe la plupart de son temps à étudier le jeu.

Joël Lautier, l'immense champion français, qui a un résultat positif contre Kasparov, m'a un jour dit que pour avoir la pèche avant une compétition importante, il aime relire un bouquin « Profile d'un prodige » qui raconte la vie de Fischer jusqu'au titre de 1972. Il l'a lu des dizaines de fois.

« Jouer aux échecs, c'est la seule chose que je sache faire, mais je le fais pas trop mal. » Bobby Fischer


 
 
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